Tout ce qu’il faut savoir sur l’Enquête des besoins de main-d’œuvre dans l’industrie de la transformation du bois au Québec
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Quand Formabois m’a contactée pour rédiger cet article, je savais que l’enjeu était de taille. Nous avons là une enquête sectorielle sans complaisance ni lunettes roses pour anticiper l’avenir du secteur de la transformation du bois au Québec.
Après avoir parcouru les faits saillants de la publication sur le site web de Formabois, j’ai proposé une rencontre à son directeur général, Réjean St-Arnaud, question d’avoir ses impressions.
On a discuté des grandes lignes de l’enquête, mais surtout de ce que cela signifie pour les acteurs de l’industrie. Ayant échangé avec Réjean à quelques reprises, je sais à quel point il est en mode actions et solutions !
Pas le temps de lire l’Enquête sur les besoins de main-d’œuvre en transformation du bois ? Je vous dévoile tout ce qu’il faut savoir dans mon entrevue condensée avec Réjean St-Arnaud.
Maude : Qu’est-ce qui t’a le plus surpris de cette enquête ?
Réjean : Le taux de participation exceptionnel, sans aucun doute ! Même en période de pandémie, les gens ont répondu à l’appel avec 170 répondants, ce qui nous permet de couvrir 73 % de la main-d’œuvre du secteur de la transformation du bois au Québec — du jamais vu !
Concrètement, ça nous fournit des résultats avec une plus grande fiabilité. On voulait de l’information sur le secteur, on est servi ! Maintenant, c’est à nous d’y donner un sens et de transformer le tout en solutions profitables, sur le terrain.
Parallèlement, on a aussi constaté que les femmes, les personnes immigrantes et les Autochtones sont des bassins de main-d’œuvre encore sous-représentés dans la transformation du bois au Québec, malgré que les résultats pour ces groupes soient partiels. Bien sûr, on savait que c’était le cas, mais on a aujourd’hui des chiffres à l’appui pour y remédier. On se fixe d’ailleurs comme mandat, en mars 2022, d’approfondir cet élément sur la main-d’œuvre étrangère temporaire et les autres bassins de main-d’œuvre sous-représentés.
Formabois travaille depuis 4 ans déjà avec le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, le Cégep de Saint-Félicien et des entreprises d’ici au développement de cohortes franco-québécoises dans certains secteurs de la transformation du bois au Québec. En plein le genre d’initiative que l’on souhaite poursuivre dans les prochaines années !
Maude : Parlons-en de la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur ; ça ressemble à quoi, en chiffres ?
Réjean : La situation est très préoccupante, car, depuis 2011, le nombre d’emplois dans le secteur de la transformation du bois au Québec est stable (soit entre 27 000 et 30 000 emplois), mais le nombre de postes vacants, lui, augmente sans cesse.
L’enquête réalisée montre clairement que 10 % des postes offerts sont vacants. C’est donc dire qu’actuellement, 2000 emplois de production sont à pourvoir. Avec les postes administratifs, on grimpe à 3000, sans compter que 6 % des personnes en emploi présentement prendront leur retraite d’ici la fin de l’année 2022, ce qui signifie qu’environ 1700 postes additionnels seront vacants. On a alors un déficit de 4700 emplois prévu en 2022, qui risque de s’accentuer année après année avec les départs à la retraite. Plus que jamais, ce sont des solutions qu’il faut trouver !
Maude : Quelles sont les pistes de solutions envisagées et réalistes dans le secteur ?
Réjean : Je pense que ça commence par une valorisation du secteur de la transformation du bois. J’y travaille depuis déjà plus de 20 ans, et je peux dire qu’il y a eu beaucoup de désinformation, entre autres sur l’aspect environnemental.
On lutte aussi contre le mythe selon lequel le secteur n’est pas moderne — ce qui est totalement faux quand on considère toutes les innovations technologiques des dernières décennies dans nos usines de transformation du bois.
Chose certaine, il y a tout un travail de perception et de changement des mentalités à effectuer auprès de la relève et de la population en général. On le fait avec des ateliers dans les écoles secondaires, des projets tels qu’Une forêt de possibilités ou encore des campagnes publicitaires mettant en vedette des célébrités québécoises comme Sarah-Jeanne Labrosse et Emmanuel Bilodeau.
Il n’y a pas de recette magique, mais je suis convaincu que la clé est la concertation des partenaires du secteur pour parvenir à des actions plus efficaces.
Maude : La concertation des partenaires du secteur génère des résultats encourageants en formation de la main-d’œuvre, non ?
Réjean : Oui, avec ses partenaires, Formabois met en place de plus en plus de programmes de formations duales (c’est-à-dire à l’école et en entreprise) de courte durée, parce qu’on se rend compte que le niveau de diplomation des personnes en poste n’est pas exactement celui qui serait idéal aux yeux des employeurs.
On mise beaucoup sur des formations sur mesure où les travailleurs sont payés pour étudier. C’est le cas avec le programme de diplôme d’études professionnelles (DEP) en Opération d’équipements de production dans le secteur de la transformation du bois, qui sera offert en alternance travail-études, soit 334 heures au CIMIC, à Saint-Georges, et 536 heures en entreprise chez Bois Poulin à Saint-Ludger.
Malgré tout, dans certaines régions, il nous arrive de devoir reporter des formations payées par manque de candidates et de candidats. Même son de cloche pour le nombre de diplômés dans les programmes d’études importants pour le secteur de la transformation du bois, qui n’ont produit aucun diplômé depuis plusieurs années, faute d’inscriptions.
C’est là qu’on voit la nécessité de se tourner vers les bassins de main-d’œuvre sous-représentés comme les femmes, les personnes immigrantes et les Autochtones. Il y a certainement des aménagements à faire dans nos milieux de travail pour les rendre plus attrayants et, surtout, plus inclusifs.
Depuis quelques années, Formabois est devenu un acteur clé pour rallier les travailleurs, les employeurs et les organismes du secteur de la transformation du bois au Québec. En tant que comité habilité dans son secteur d’activité par la Commission des partenaires du marché du travail, Formabois possède toute l’expertise, l’expérience et les ressources pour dessiner un avenir prometteur.
À propos de l’enquête
À la demande de représentants d’entreprises, de travailleurs, des directions régionales de Services Québec et du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, Formabois et le Groupe DDM ont mené une vaste enquête, de mars à juin 2021, sur les besoins de main-d’œuvre dans l’industrie de la transformation du bois au Québec.
Les résultats de cette enquête sectorielle permettent notamment de mieux documenter les besoins de main-d’œuvre dans le contexte de pénurie qui sévit depuis les dernières années.
L’enquête démontre que le plus grand défi pour le développement de l’industrie est dorénavant celui de la main-d’œuvre qualifiée apte à pourvoir l’ensemble des emplois de qualité en transformation du bois.
Cliquez ici pour lire l’Enquête sur les besoins de main-d’œuvre en transformation du bois
Par Maude Lambert-Bonin, rédactrice pour Formabois
Merci à Réjean St-Arnaud, directeur général de Formabois, pour l’entrevue exclusive accordée pour la rédaction de cet article.